La plainte avait été une première fois médiatisée via le quotidien financier israélien Globes en date du 5 août.
Selon la plainte, Arad, homme d’affaires prospère et conseiller financier, aurait décidé de lancer un « fonds de capital-risque » dans le secteur des crypto-devises aux côtés des frères Peled en 2016. L’objectif poursuivi par la nouvelle firme, qui s’appelait Coin Tree Capital, était d’investir et de gérer les ICOs (initial coin offerings) de nouvelles compagnies de blockchain prometteuses.
Arad clame que tandis que le fonds de capital-risque, dont il était propriétaire à 33 %, s’affairait à rechercher des investisseurs et des opportunités commerciales, les frères Peled avaient comploté contre lui en enregistrant, sans qu’il le sache, plusieurs entreprises supplémentaires avec des noms similaires délibérément trompeurs, transférant de manière illégale les activités issues des affaires de Coin Tree Capital à ces entreprises, dans lesquelles Arad ne possédait aucune part.
« Avec une grande sournoiserie, suite au mariage d’Elad et tandis qu’Elad se trouvait en lune de miel à l’étranger, les frères Peled ont amorcé leur complot secret visant à l’expulser de la firme », explique la plainte.
Au mois de mai 2017, soit un mois après la fondation de Coin Tree Capital, Uriel et Daniel Peled, associés à un troisième homme, Tal Kol, avaient enregistré l’entreprise Coin Tree Investment Services Ltd., qui avait alors changé son nom en Coin Tree Ltd. avant de devenir Orbs Ltd en janvier 2018.
Deux mois plus tard, une autre compagnie avait été créée, appelée Coin Tree Management, Ltd. Ses actionnaires étaient cette fois-ci Uriel Peled, Daniel Peled, Tal Kol et Netta Korin.
Dix jours plus tard, Uriel Peled, Danel Peled et Tal Kol avaient inscrit au registre des entreprises une firme, Coin Tree Capital Management Ltd., qui devait changer son nom en février 2018 en Infinitree Ltd. pendant une brève période, avant de se dénommer Microverse Ltd.
Arad clame qu’il ignorait totalement que les frères Peled et leurs associés enregistraient des firmes supplémentaires et dénonce une violation de l’accord qui avait été initialement conclu entre les fondateurs de Coin Tree Capital Ltd., la firme dont il était propriétaire avec les frères Peled.
« Elad a commencé à enquêter et a découvert que des compagnies concurrentes avaient été créées sans qu’Elad ne le sache. Les frères ont alors exploité les opportunités générées par leur entreprise conjointe, s’appropriant les opportunités, les activités, les idées et même le nom de la firme, les volant et les attribuant aux entreprises concurrentes avec une grande sournoiserie. Elad l’ignorait ».
En réponse à ces accusations, un porte-parole des frères Peled a déclaré au Times of Israel que « les affirmations du plaignant concernant son rôle dans Orbs sont une déformation grave des faits. Il est intéressant de voir que ces fausses déclarations sortent de nulle part, au moment même où la réussite de l’entreprise commence à être médiatisée, et qu’aucune accusation n’avait été lancée auparavant ».
« L’accusation consistant à dire qu’Orbs serait concurrent [de Coin Tree Capital] est mensongère dans la mesure où Orbs développe une infrastructure de blockchain – ce qui est complètement différent des activités de la firme dans laquelle le plaignant se trouvait impliqué, qui n’était qu’un fonds de capital risque qui, comme chacun le sait, a périclité ».
Une ligne d’assemblage d’ICOs
Selon la plainte, les frères Peled auraient offert, dans le passé, des services de conseil à une série d’entreprises de l’industrie des crypto-devises et notamment à Kik, Sirin, Stox, Orbs, Atomic, Zinc, Coti, DX Exchange, Endor, PumaPay et Leadcoin.
Arad affirme dans la plainte qu’un tiers des revenus issus de ces entreprises lui reviennent mais qu’il n’a jamais été payé.
Les frères Peled rejettent pour leur part l’idée qu’un tiers des revenus issus des accords passés avec ces firmes puissent lui appartenir.
La liste de ces firmes, si elle est exacte, suggère que les frères Peled ont joué un rôle – peut-être involontairement – pour aider les cadres de l’industrie des options binaires, devenue illégale, à se reconvertir dans le domaine des crypto-devises.
La compagnie Coti, par exemple, avait été fondée par les managers de la firme d’options binaires israélienne Inventiva Marketing Ltd. qui exploitait le site internet OneTwoTrade, tandis que DX Exchange avait été la dernière aventure entrepreneuriale de Pini Peter, un acteur déterminant du secteur des options binaires qui avait mis en place la plateforme SpotOption.
L’industrie toute entière des options binaires largement frauduleuse a été mise hors la loi par la Knesset, en 2017.
De plus, une autre entreprise présente sur la liste, Kik – qui avait été la toute première ICO des frères Peled – est actuellement poursuivie en justice par la Commission des titres et des échanges américaine (SEC) pour ne pas avoir enregistré ses ventes de tokens comme l’exige pourtant la loi sur les titres.
Selon la plainte déposée par la SEC, « du mois de mai au mois de septembre 2017, Kik a offert et a vendu environ un milliard de tokens numériques appelés ‘Kin’. Plus de 10 000 investisseurs, dans le monde entier, ont acheté des ‘Kin’ pour la somme approximative de 100 millions de dollars américains et en avoirs numériques – plus de la moitié de ce montant provenant d’investisseurs localisés aux Etats-Unis. Toutefois, l’offre et la vente de ‘Kin’ par Kik n’ont pas été enregistrées auprès de la SEC [l’organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers] et les investisseurs n’ont pas reçu les divulgations pourtant exigées par les lois fédérales sur les titres ».
La SEC prétend également que Kik aurait vendu des tokens au rabais à de riches investisseurs privés et à des prix plus élevés au grand public. Kik, pour sa part, nie toute malversation et menace de poursuivre la SEC devant le tribunal.
Orbs Ltd., accusé dans le dossier, pour sa part, aurait été récemment chargé par l’administration Trump de développer des solutions de blockchain pour la paix au Moyen-Orient.
‘Un océan bleu’
Selon la plainte, Uriel Peled aurait approché Elad Arad au mois de mai 2016, évoquant la possibilité de la création d’une entreprise dans le secteur des crypto-devises. A ce moment-là, poursuit le document, ce secteur était totalement innovant, rempli d’opportunités à découvrir que les entrepreneurs avaient qualifié « d’océan bleu ».
Au mois d’avril 2017, ils avaient fondé Coin Tree Capital Ltd., avec Uriel Peled au poste de directeur-général et Elad Arad à celui de directeur financier.