
Inauguré le 3 octobre, le radiotélescope de Nançay, dans le Cher, ouvre une nouvelle fenêtre vers le ciel pour les astronomes français. L'espoir de découvertes majeures.
Ici, point de mauvaises ondes. A l'approche de l'observatoire, l'indicateur réseau du smartphone fond à vue d'oeil. Quatre barres, puis trois, puis deux, puis rien ! Impossible de se connecter. Pas de WiFi non plus. Un désert de bruit s'installe. Nous voilà arrivé à la station de radioastronomie de Nançay, au sud d'Orléans, appartenant à l'Observatoire de Paris-PSL. "Le site a été inauguré en 1965 par le général de Gaulle, et son outil phare, un radiotélescope de 96 mètres de diamètre, demeure l'une des quatre plus grandes 'oreilles' du monde", explique Stéphane Corbel, le directeur des lieux. A côté, dans une prairie de 60 000 mètres carrés, bordant les bois, l'instrument NenuFAR, réalisé en collaboration avec le CNRS et l'université d'Orléans, attend son inauguration, le 3 octobre.
Pour un béotien, l'installation ressemble davantage à une sculpture moderne à la Buren plutôt qu'à un outil scientifique : pas moins de 1 824 antennes aux allures de baleines de parapluie se trouvent disposées au sol en pétales pour former une grosse fleur métallique. Ici, donc, que de bonnes ondes et pas d'oeil. Contrairement aux télescopes optiques, les radiotélescopes observent le cosmos dans une partie non visible du spectre lumineux - des ondes millimétriques aux ondes décamétriques. Avec cette technologie, les astronomes scrutent l'immensité du firmament à la recherche de ce qui est au plus profond de l'Univers. Ainsi, ils ont récemment pris une photo d'un trou noir (voir L'Express du 10 avril 2019). "Contrairement aux appareils du consortium international Event Horizon Telescope (EHT), à l'origine de ce cliché historique, NenuFAR travaille non pas à l'échelle millimétrique mais dans une gamme plus large - de 3,5 à 30 mètres -, considérée comme le dernier domaine de fréquences non explorées", précise Philippe Zarka, le responsable du projet.