
Pionnier dans le développement de robots électriques de désherbage mécanique, le Toulousain Naïo Technologies a pris l'initiative d'organiser à Toulouse un rendez-vous international pour les acteurs de la robotique agricole. Pari réussi pour une seconde édition qui a mis à l'honneur l'innovation. L'occasion de découvrir les dernières technologies des acteurs du secteur.
Après un galop d'essai en 2016, la seconde édition du FIRA (Forum International de la Robotique Agricole), organisée les 29 et 30 novembre à Toulouse, vient de faire la démonstration de sa capacité à mobiliser les acteurs de la filière à l'échelle nationale et internationale. Plus de 400 inscrits (industriels, chercheurs, écoles d'ingénieurs, universitaires, agriculteurs...), avec la participation d'une cinquantaine de partenaires internationaux venus d'une dizaine de pays (Suisse, Pays-Bas, Norvège, Danemark, mais aussi Etats-Unis) et la présence remarquée d'un poids lourds du secteur, le constructeur japonais de tracteurs Kubota.
« Nous avons réussi notre pari », se félicite Gaëtan Séverac, à l'initiative de l'événement, avec son associé Aymeric Barthes. Tous deux sont les co-fondateurs de Naïo Technologies, une start-up toulousaine spécialisée dans le développement de robots électriques de désherbage mécanique. Avec le FIRA, leur ambition est de rassembler l'ensemble des acteurs de la robotique agricole, pour favoriser les échanges, dynamiser et structurer une filière en pleine émergence. D'ores et déjà, l'équipe de Naïo Technologies planche sur une prochaine édition. « Pour 2018, nous souhaitons que l’événement prenne encore de l’ampleur. Nous comptons sur une participation plus visibles de poids lourds du secteur et sur une internationalisation encore plus grande », insiste Gaëtan Séverac.
L'occasion pour certains de présenter leurs innovations technologiques. Nous avons sélectionné les plus remarquebles :
Naïo Technologies désherbe les petites productions

Naïo Technologies présentait Ted, le dernier né de sa famille de robots de désherbage mécanique. Après Oz, adapté aux petites productions maraichères et commercialisé depuis fin 2015, et Dino, une version plus imposante conçue pour le binage de productions légumières de plein champ (surfaces de plus de 10 hectares), Ted, adapté au désherbage de la vigne, vient tout juste de sortir sur le marché. Créée en 2011 et installée à Escalquens, dans la proche banlieue toulousaine, Naïo Technologies décline ainsi progressivement toute une famille de robots autonomes dédiés au désherbage mécanique. En parallèle, la société travaille sur la polyvalence de ses machines et développe de nouveaux outils. Oz peut ainsi accompagner le maraicher pour du transport de charge ou de l'assistance à la récolte. Une quarantaine de robots devrait être vendue en 2017 et la start-up table sur le double pour 2018.
Tibot Technologies fait bouger les volailles

La start-up Tibot Technologies, basée dans l'Ille et Vilaine, est venue présenter son robot Spoutnic. Développé pour les éleveurs de volailles, ce petit robot très compact, résistant à l'eau, la poussière et l'ammoniac, a pour mission d'éduquer les poules à aller au pondoir. En circulant de façon aléatoire dans l'enclos et muni de stimuli lumineux et sonores, il anime l'élevage, empêche les volailles de rester statiques au sol et les incite à pondre dans le nichoir. « Tout l'enjeu est de faire baisser le taux de ponte au sol, sans pour autant effrayer ou blesser les volailles », précise Yanne Courcoux, directrice générale de Tibot Technologies. Fruit d'une collaboration avec une équipe de recherche du CNRS et de l'Université de Rennes, spécialisée dans l'éthologie animale, Spoutnic est commercialisé depuis quelques semaines, avec des premières ventes en Suisse, en Finlande et en Grande-Bretagne. Une levée de fonds, en cours de finalisation, devrait permettre d'accélérer l'industrialisation et la commercialisation dans les prochains mois.
Ecorobotix cible les mauvaises herbes

Grâce à ses capteurs et à une caméra de reconnaissance visuelle, le robot désherbeur mis au point par la start-up Ecorobotix est capable de reconnaître les mauvaises herbes et de pulvériser, à partir de ses bras articulés, des micro doses d'herbicide avec une grande précision. La machine, beaucoup plus légère que les tracteurs traditionnellement utilisés pour ces pulvérisations en plein champ, limite le tassement des sols. A l'arrivée : 20 fois moins d'herbicide pulvérisé et une machine plus respectueuse de la qualité ds sols. « Equipée de panneaux solaires, elle est aussi autonome en énergie », souligne Claude Juriens, directeur commercial d'Ecorobotix. Créée en 2013, la start-up suisse démarre tout juste les premiers tests en plein champ, avec une dizaine de robots de pré-séries. Ces essais devraient se poursuivre tout au long de 2018, pour un lancement industriel et commercial prévu pour 2019.
VitiBot s'intéresse aux coteaux champenois

« L'interdiction récente des pulvérisations par hélicoptère a remis au goût du jour dans les coteaux champenois l'utilisation de véhicules chenillards guidés par des opérateurs confinés dans des combinaisons intégrales de protection », note Cédric Bache, fondateur en 2016 de la start-up VitiBot, dans la Marne. L'utilisation des chenillards dans ces terrains en pente entraine aussi des troubles musculo-squelettiques liés aux fortes vibrations des engins, avec des risques d'accidents en cas de retournement. D'où l'idée de mettre au point un chenillard autonome. Un premier prototype, créé à partir d'un chenillard conventionnel, a fait ses premières démonstrations publiques à partir de l'été dernier, équipé d'un outillage d'entretien du sol. Prochaine étape : troquer le moteur thermique par une solution électrique. Vitibot travaille aussi sur un enjambeur électrique autonome et sur un système de pulvérisateur confiné sous l'enjambeur.