
Hybride entre smartphone et tablette, ce curieux appareil a d’exceptionnelles qualités pour le travail et les loisirs, mais aussi de nombreux défauts.
C’est une formule audacieuse, une innovation comme on n’en voit qu’une ou deux fois par décennie : le Samsung Fold est une petite tablette qu’on peut plier pour la transformer en smartphone. Ou peut-être l’inverse, un smartphone qui se transforme en tablette en dépliant son étonnant écran souple.
La question, aujourd’hui, n’est pas tant de savoir s’il faut l’acheter – le Fold est hors de prix (2 020 euros) et Samsung n’en commercialisera que de petites quantités, jusqu’à décembre seulement. La question est en fait de savoir si sa formule deviendra une alternative crédible à celle du smartphone classique. Après une première prise en main, nous avons passé un mois avec le Fold. L’heure de vérité a sonné.
Sa fragilité ne le condamne pas…
Le Fold a vécu un catastrophique faux départ en avril : quelques journalistes ont reçu des exemplaires de prêt dont plusieurs ont cassé en quarante-huit heures, à la suite de quoi Samsung a reporté sa sortie pour améliorer sa conception. En septembre, pour son grand retour, l’entreprise a prêté quelques dizaines de Fold repensés aux médias, et à notre connaissance, un seul a connu un problème : un groupe de pixels colorés est apparu au milieu de l’écran d’un journaliste américain. Les produits pionniers souffrant traditionnellement de petits problèmes de jeunesse, on peut espérer que Samsung réussisse à corriger celui-ci.
Notre exemplaire de prêt, lui, fête son premier mois avec pour seule blessure de guerre une minuscule éraflure sur son écran souple, invisible dans presque toutes les situations. Sa charnière fonctionne toujours parfaitement, alors que nous l’avons fait tomber deux fois d’une table de nuit – une question d’habitude, car son format étroit tient bien en main.
Au bout d’un mois, un léger fond d’inquiétude persiste cependant. Nous avons frissonné en entendant la charnière du Fold grincer et, pire encore, craquer sonorement, en broyant probablement un petit grain de sable qui s’y était faufilé.
… mais il faut en prendre soin
Car le Fold demeure plus fragile qu’un smartphone classique. Le youtubeur JerryRigEverything a soumis un Fold à un test de « torture », certes peu rigoureux, mais qui confirme que les écrans souples, faute d’être recouverts d’une couche de verre protectrice, sont très vulnérables aux pressions longues et aux objets pointus. Si la plupart des clés en métal peinent à rayer les écrans en verre des smartphones classiques, l’écran interne du Fold est beaucoup plus facile à abîmer : un ongle suffit.
La deuxième faiblesse du Fold est la charnière, composée de dizaines de petites pièces, qui maintient son écran souple tendu. JerryRigEverything lui a fait subir de violentes torsions et elle a vaillamment résisté. Mais l’assureur américain Squaretrade a recouru à une épreuve plus perverse : un robot a plié la charnière du Fold des milliers de fois. Elle s’est brisée au bout de 120 000 allers-retours.
Impossible d’en tirer des conclusions sur sa durée de vie en conditions réelles, mais sa mécanique n’est clairement pas inusable. Cette faiblesse, ajoutée à la fragilité de l’écran, laisse craindre que le Fold vive moins longtemps que les smartphones ordinaires.
