
François Legault a vivement rejeté l'idée de réviser ou d'annuler la réforme d'un populaire programme d'immigration visant les étudiants et travailleurs étrangers temporaires. D'une même voix, le Parti libéral, Québec solidaire et le Parti québécois ont pourtant réclamé « un recul complet » du gouvernement.
La « priorité », selon François Legault, elle est « du côté économique ».
« On veut vraiment concentrer nos efforts, autant du côté des étudiants que des travailleurs, à recruter des personnes qui répondent aux besoins du marché du travail », a clamé le premier ministre, en réponse à la sortie des partis d'opposition.
Ces derniers ont réclamé un « recul total et complet » des mesures annoncées la semaine passée, visant le Programme de l’expérience québécoise (PEQ).
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Désormais, pour postuler au PEQ, les candidats devront avoir un diplôme issu d’une liste de domaines mis de l’avant par le gouvernement. Aucune restriction n'existait par le passé.
À un moment donné, il faut prioriser. Il faut se concentrer sur l’économie et à répondre aux besoins du marché du travail.
Principal acteur de cette réforme, le ministre de l'Immigration Simon Jolin-Barrette a affirmé que cette liste est « collée au marché du travail ».
« Pour répondre aux besoins du marché du travail, ce n’est pas vrai qu’on a besoin uniquement de diplômés universitaires. Il faut s’assurer vraiment de répondre aux besoins dans le cadre des domaines professionnels et techniques », a-t-il indiqué.
Une vision « comptable », selon Nadeau-Dubois
Selon les oppositions, cette réforme aurait d'importantes conséquences sur les étudiants étrangers actuellement au Québec.
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Au cours de ce front commun, Gabriel Nadeau-Dubois a déploré « une vision étroite, comptable et insensible de l’immigration ». « C’est une vision qui va briser des vies et des rêves », a clamé le co-porte-parole de QS.
« On les a attirés au Québec à grand renfort de publicités, [...] ils sont formés chez nous, parlent notre langue, partagent nos valeurs. Ils ont survécu à nos hivers », a insisté Monsef Derraji, porte-parole du PLQ en matière d’immigration, en jugeant cette mesure « inacceptable ».
Un quart des étudiants étrangers reste au Québec
Au total, plus de 48 000 étudiants étrangers garnissent les bancs des universités québécoises cet automne. Ce chiffre est constante augmentation. Mais environ un quart, seulement, reste au Québec à la fin de ses études, par le biais de différents permis de travail.
Pour le PQ, il faut favoriser ces étudiants et travailleurs déjà au Québec. « Ils ont fait le choix de venir s’établir chez nous, d’apprendre le français. Ils sont intégrés dans tous les milieux », a soutenu Méganne Perry Mélançon.
Simon Jolin-Barrette écrit des lois et des règlements sans réfléchir aux conséquences humaines de ses décisions.
En faisant référence à la décision du gouvernement Legault d’éliminer des milliers de dossiers non traités plus tôt cette année, Gabriel Nadeau-Dubois a accusé Simon Jolin-Barrette de vivre dans « une tour d’ivoire » en « oubliant complètement les personnes en chair et en os qui se cachent derrière les chiffres qu’il manipule ».
Il faut « un recul complet et total », a-t-il soutenu, appuyé par les autres représentants des partis, alors que Monsef Derraji a accusé le gouvernement de prendre « une décision idéologique liée aux seuils » d'immigration.
« [Le ministre Jolin-Barrette] est en train de briser des vies et des rêves pour atteindre ses seuils », a-t-il mentionné.
« On n’est pas juste des chiffres »
Dans les locaux de l’Assemblée nationale, les partis de l’opposition étaient accompagnés de plusieurs dizaines de personnes concernées par cette réforme.
Arrivée au Québec l’an passé, Alessandra a lancé un cri du cœur au premier ministre.
« Aujourd’hui, tous mes rêves, tout ce que j’ai lâché, tout est remis en question. On a choisi le Québec parce qu’on avait des rêves », a confié cette jeune Belge, la voix tremblante, sans cacher son émotion.
« Je suis peut-être née ailleurs, mais mon présent et mon avenir sont ici. Le Québec, je pensais que c’était chez moi », a ajouté Claire, une étudiante française en sciences politiques à Montréal.
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J’ai choisi de m'investir pleinement dans ma société d’accueil, de redonner chaque jour autant que je pouvais à cette communauté qui est désormais la mienne. Je me sens plus Québécoise que Française.
Elsa, une autre Française, a elle aussi demandé au gouvernement de les écouter. « Il y a des humains, on n’est pas juste des chiffres », a-t-elle lâché.
En réaction, Simon Jolin-Barrette a dit être « extrêmement sensible à la réalité » de ces personnes, mais a souligné qu'« aucune garantie » ne leur a été donnée.
« Le gouvernement doit faire des choix », a-t-il assuré, tout en précisant que la liste des domaines de formation admissible au PEQ sera révisée chaque année.